m. : Une graine lumineuse.
Une interview de Franca Mai - Mars 2006
Franca Maï : « J’aimerais que vous me racontiez votre première révolte ? »
m. : La première révolte politique, c’était il y a tout juste vingt ans, en 1986. C’est cette année là que Monsieur Pasqua envoya contre la jeunesse les fameux voltigeurs, flics encagoulés, armés, qui, montés sur des motos, matraquaient tout ce qui était à portée de mains. C’est l’année où est mort Malik Oussekine.
J’étais lycéenne et fortement engagée contre le projet Devaquet. J’ai commencé à militer à ce moment-là. Aller à Bordeaux en stop (j’habitais à cette époque à 40 kilomètres), organiser les manifs, rédiger les tracts et communiqués de presse, tenter de convaincre les camarades de classe, fouiller l’information...
J’avais pris ma carte à la FIDEL, premier syndicat lycéen, carte rendue le lendemain d’une Assemblée Générale à Paris où Mitterrand était venu se faire applaudir. Depuis, je n’ai jamais plus pu m’encarter.
« Un souvenir d’enfance ? »
Mon enfance est tapie dans un coin brumeux de ma mémoire. Je n’ai pratiquement aucun souvenir de celle-ci, en dehors de ceux que l’on aura bien voulu me raconter. Peu de photos aussi qui auraient pu raviver. Alors je suppose qu’elle fut heureuse.
« Parlez-moi un peu de votre parcours, de vos activités multiples et de vos combats. »
Bonne élève jusqu’en CM2, abandon un peu trop rapide des mathématiques et des matières scientifiques en général. Cancre notoire dont les études s’achèvent, par miracle et par hasard, sur une maîtrise Arts du Spectacle, mention Études Théâtrales. Je n’ai pas été ce qu’on appelle une élève sérieuse.
J’écris depuis une vingtaine d’années. De la poésie avant toute chose. J’ai fait adolescente toutes mes gammes d’alexandrins pour arriver aujourd’hui à une poésie en grande partie libre.
J’ai commencé à donner de la voix à mes textes en montant ma première pièce en 1996. J’ai tenté le théâtre de rue. Tous ces spectacles tournaient essentiellement sur le texte et sur l’improvisation. J’ai travaillé avec deux photographes, Isabelle Lechner et Arlette Courayer avec lesquelles j’ai fait des expositions et des publications (1) .
Depuis 3 ans bientôt, c’est moi qui monte sur scène pour vociférer mes poèmes. Pendant deux ans et demi, j’ai chanté avec le groupe ALéATOIRE dont le propos était : poésie, hacktivismes et free music.
Depuis 6 mois maintenant, j’officie dans l’Orchestre Poétique d’Avant-guerre (O.P.A) dans la continuité du travail entamé avec ALéATOIRE, c’est-à-dire un travail essentiellement sans filet, un maximum d’improvisation sur scène.
J’écris une fois par mois les éditos de l’Inca, un bar concert de Bordeaux. Depuis novembre dernier, je suis présidente de l’association Hacktivismes, association citoyenne.
Nous essayons avant tout d’être un relais des informations alternatives. On commence à peine. Nous essayons de mettre en place un fanzine papier en plus du site internet et d’ouvrir des espaces d’échange et d’expression.
Les combats sont multiples vu le monde dans lequel on patauge. Trouver le goût de l’humain. Je cite ici Harold Pinter : « Je crois que malgré les énormes obstacles qui existent, être intellectuellement résolus, avec une détermination farouche, stoïque et inébranlable, à définir, en tant que citoyens, la réelle vérité de nos vies et de nos sociétés est une obligation cruciale qui nous incombe à tous. Elle est même impérative. »
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