OPA | Orchestre Poétique d'Avant-guerre
12 février 2019
m. (OPA)

Nous sommes ce peuple !

Bordeaux, le 7 février 2019, 06h18

France - Pim, Pam, Poum... Prises de conscience brutale de l’existence d’un régime autoritaire

« Nous sommes ce peuple ! »

Pim, Pam, Poum étaient dans un bateau… Pam et Poum étant déjà tombés à l’eau, il ne restait plus que Pim….

Pim pensait, il n’y a pas si longtemps encore, que la police française était là pour protéger les honnêtes citoyens cernés de sauvageons, de racailles et autres islamistes radicaux (qui sont d’ailleurs souvent les mêmes), de zadistes crasseux qui vivaient, rendez-vous compte !, dans des cabanes.

Après l’avoir applaudie au fil des attentats et s’être convaincu de son efficacité, Pim vivotait sans se révolter mais accumulait, peu à peu, une colère qui finit par déborder. C’est qu’à force de le tondre et de le plumer, de fin de mois commençant de plus en plus tôt en début de mois, de services publics dévastés par des casseurs en costume et bien cravatés, à force de tirer la langue, de grimacer à chaque passage en caisse tandis que les plus riches devenaient toujours plus riches, à force de se tuer à la tâche, de se tuer de n’avoir pas de tâche, à force, à force, la goutte de trop !

Et Pim décide de descendre dans la rue avec des milliers d’autres, pour dire son mécontentent, pour protester contre la baisse constante du pouvoir de vivre.

Novembre 2018, partout dans ce beau pays de France, là où nous dit-on les Droits de l’Homme (blancs) ont vu le jour, Pim et ses amis défilent, joyeusement colorés, au chant de La Marseillaise, sans jamais se méfier. « La police avec nous ! » est scandé, laissant Pam et Poum déjà tombés, pantois.

Las, c’est le « boum boum » des bombes qui arrachent et déchirent, la détonation des cracheurs de balles qui éborgnent, l’âcreté des lacrymos, les chars, les canons à eau ; ce sont les coups, de matraques, de poings, de pieds ; les insultes, les arrestations, abusives, préventives, de masses, les nasses, les traques ; ce sont les gardes à vue, les comparutions immédiates, les procès, les peines de prison, ferme, avec sursis, les amendes, les perquisitions ; ce sont les mises sous surveillance, le fichage, la censure mais aussi une morte qui répondent à Pim et à ses amis qui jusque là tendaient la main.

Que policiers et gendarmes s’empressèrent de leur couper !

C’est ainsi et assez brutalement que Pim prit conscience que L’Etat Français exerçait un régime autoritaire…

Pam, lui, était tombé quelques temps plus tôt, en deux vagues. C’est que pour Pam, ça faisait un bon moment déjà que sa colère avait débordé. En 2009, amoureux de la nature, il avait, avec ses amis, investit, pour les défendre, des zones humides menacées par divers projets totalement inutiles et honteusement coûteux. « Boum boum », grenades, chars, répression, prison, expulsion, surveillance, et un mort plus loin, ah ben oui, ça ne l’a pas surpris, Pam, quand L’Etat s’en est pris aux civils !

Un peu plus tard, en 2016, il avait manifesté contre une loi détricotant ses droits de travailleur laborieux, toujours au profit de qui vous savez, tandis que ses enfants bloquaient les facs et s’insurgeaient.

Et toujours ce même « boum boum », cette même répression, ces coups qui marquent là, bien profond dans la chair, pendant qu’en douce, on votait des lois pour lui ôter toute liberté d’expression.

C’est ainsi et assez brutalement que Pam avait pris conscience que L’Etat Français exerçait un régime autoritaire…

Poum, lui, n’avait tout simplement pas pu monter dans le bateau. Ces ancêtres, oui, pour aller ramasser du coton, mais depuis, pas question. Pour tomber sur les premières lignes de front des guerres, oui ; pour reconstruire le pays en ruine, oui ; pour la colonisation, oui ; pour la décolonisation, oui ; puisqu’on peut la remplacer par la Françafrique et continuer à sucer la moelle ; oui pour ramasser nos poubelles, oui pour balayer nos rues, oui pour alimenter nos peurs.

Mais pour le reste…

Ascenseur social définitivement en panne, plafond de verre impossible à percer, parqué dans des quartiers dits populaires ; en vérité plutôt impopulaires aux yeux du reste de la population ; Poum n’en avait pas fini avec l’amère patrie.

Depuis des décennies maintenant, sa jeunesse meure par dizaines dans les commissariats, au bout de courses poursuites, étouffée dans des camions de police, électrocutée pour échapper aux ombres en uniforme, fauchée dans l’innocence, sodomisée, battue, rabaissée, abusée, contrôlée au faciès, emprisonnée.

En 2005, Poum en a eu marre, a mis le feu et s’est immolé. Peine perdue, Pim et Pam regardaient crédules leur petit écran leur racontant l’histoire d’une jeunesse sauvage et incontrôlable.

Etat d’urgence, répression, oppression, prison et pour les familles endeuillées, un déni de justice qui, à l’oraison des morts, sonne comme une nouvelle humiliation.

Alors oui, ça ne l’a pas du tout étonné, Poum, quand les militants et les civils se sont mis, à leur tour, à goûter de la matraque.

Car c’est ainsi, et depuis toujours, que Poum sait, en toute conscience, que l’Etat Français exerce un pouvoir autoritaire et raciste.

De loin en loin, dans les brumes de l’histoire, les hommes en bleu font des rafles pour remplir des vélodromes et des trains, avec la même obéissance aveugle, la même servitude qui aujourd’hui leur servent de bouclier pour réprimer leurs pères, leurs mères, leurs frères et leurs sœurs, toute honte bue !!!

Et dans le ventre mou de la bête, la collaboration des effrayés, l’inaction des gens de bien.

Quand la dictature revêt les habits de la démocratie, c’est toujours sur la police qu’elle s’appuie pour se maintenir au pouvoir.

Aujourd’hui, en France, le libéralisme, qui voulait nous faire croire qu’il était liberté, arrive au bout d’un processus. Il nous a dépossédés de presque tout : nos biens communs, nos emplois, notre argent, notre santé, notre éducation, notre culture, nos droits. Il protège les voyous et harcèle les rares medias qui osent encore parler vrai. Il nous toise et nous méprise, il nous donne à manger du poison, il dévaste la terre, il sacrifie nos enfants et obscurcit l’avenir.

Il comptait sur la division pour durer. Peut-être même espérait-il que nous finirions par nous entre-tuer tandis qu’il partirait sur la pointe des pieds en emportant la caisse.

Mais il n’a pas pu nous ôter notre colère et notre dignité.

Aujourd’hui, en France, nous avons les yeux ouverts. Nous avons les yeux ouverts !!!!

Si nous n’étions pas sur le même bateau, nous savons désormais, dans nos tripes, que nous sommes dans la même galère et qu’elle peut voguer, loin, jusqu’à atteindre, pour le saborder, le paquebot de luxe de nos oppresseurs communs !

Et nous saurons nous faire la paix pour mener ensemble cette lutte des classes, pour la justice !

Un peuple unit ne sera jamais vaincu, dit-on.
Nous sommes ce peuple ! Et nous sommes courageux !

Quartiers populaires, militants, gilets jaunes, solidaires !

A vos côtés toujours, avec Amour et Rage !

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