Yep !
Je n’y ai mangé qu’une fois mais j’ai souvent relayé - ici et là - les soirées de soutien organisées dans ce restaurant atypique de Belleville, à Paris.
Un grand salut aux bénévoles, aux assos et collectifs qui ont fait vivre ce lieu !
D’autres espaces attendent vos énergies et sus aux voisins délateurs !
De Bordeaux à Paname, de nous à vous, des pensées solidaires !
m. pour O.P.A
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Transmis depuis Netoyens ! Info le 14 octobre 2012
Lundi 8 octobre 2012 la Rôtisserie Sainte-Marthe, le restaurant aux trois A (Alternatif, Autogéré et Associatif) a cessé d’exister après 15 ans d’activité continue. La décision, avait été prise en Assemblée Générale Extraordinaire en Mai dernier.
Elle n’avait pas été rendue publique pour ne pas compliquer les négociations entamées par l’association. Ce lundi 8, sous le crachin d’un matin gris, nous avons remis les clefs de l’ancien restaurant.
La Rôtisserie est morte et ce n’est pas un suicide : elle a été assassinée.
Nous revenons sur les raisons de cette fin d’activité non pas parce que le crime ne devrait pas rester impuni – pour régler des comptes etc…- mais pour que les raisons de la fin de la Rôtisserie soient connues de tou-tes.
Pour les voisin-es qui l’ont soutenue, pour les associations qui y participaient et pour que de futurs projets bénéficient de notre expérience.
Plusieurs crocs-en-jambe nous ont fait trébucher…
Nous avons chu face à la justice.
Cette justice qui n’a pas jugé les pratiques du spéculateur immobilier qui s’est arrangé avec la réalité, avec le droit et avec la loi pour acquérir le lieu.
Une justice qui n’a pas évalué le préjudice pour des associations privées de cette source de financement. Qui n’a pas évoqué une seule fois, en 7 ans de procédure, l’avenir des 7 salariés de la Rôtisserie ; Qui ne s’est à aucun moment demandé si c’était moral, juste, éthique.
Une justice qui s’est employée à garantir le caractère sacré de la propriété privée.
Bref une justice politique, une justice de classe.
Une justice qui ne nous a pas donné justice et qui nous a en plus plombés financièrement.
La gentrification du voisinage aussi nous a fait trébucher.
La Rôtisserie était le fruit d’un quartier vivant, atypique, populaire, artistique et métissé. Elle a été pendant un temps une des âmes de ce quartier.
Mais la ville change, le bas-belleville aussi et la Rôtisserie n’était plus en phase avec les nouveaux saint-marthois-es : plus blanc-hes que basané-es, plus Bonobo (BOurgeois NOn BOhème) que bobos, plus « créateurs de sens » qu’artisan-e, plus soucieux de faire fructifier leurs mètres carrés achetés au prix de la place de la République que de lutter contre la gentrification du quartier.
Et les croche-pieds d’une poignée de voisins
Ainsi de ces voisin-es de la Rôtisserie, en guerre avec elle depuis leur arrivée, nous faisant la misère pour une poubelle sortie trop tôt ou trop tard, pour une fenêtre trop ceci et des toilettes trop cela.
Six charmant-es voisin-es qui ont pétitionné auprès du maire pour se plaindre des « éclats de voix, des rires et des bruits de vaisselle ».
Car il y avait dans notre restaurant des rires et des bruits de vaisselle.
Il fallait donc agir.
Pas seulement écrire au maire, mais aussi au commissariat, à l’hygiène, à la préfecture, à la partie adverse de notre procédure en justice…
Quel dommage que la Kommandantur ne reçoive plus de courrier !
6 misérables pétitionnaires, tout content-es d’aller pousser la chansonnette dans de petits restaurants du coin, de griller leurs sardines dans la cour ou de savourer leur café en terrasse mais qui ne supportent pas l’idée que cette rue soit encore un espace public où la vie peut s’immiscer, même la vie des autres.
Leur but n’était pas que nous aménagions le lieu pour qu’il leur sied mieux – nous n’avons pas cessé de le faire ces dernières années – ni que la Rôtisserie migre, mais qu’elle meurt.
Ces 6 délateurs-rices peuvent être heureux-ses : leur travail de sape nous a démontré qu’il n’y avait plus de raison de batailler pour rester coûte que coûte dans ce quartier, que le voisinage ne nous méritait pas.
Ils pourront demain pétitionner contre le restaurant suivant, contre la présence de jeunes dans le quartier, pour obtenir des grilles aux extrémités de la rue et, le temps d’une fête de quartier (s’ils tolèrent encore de tels désordres) ces taxidermistes du Paris populaire se diront désolé-es de voir leur quartier changer ainsi, lui qui était si vivant, si sympathique et bla bla bla.
Ils pourront même évoquer la Rôtisserie, quand c’était bien, avant.
Avant qu’ils ne passent toutes leurs nuits à calculer leur plus-value immobilière, à guetter l’instant propice au coup de téléphone au commissariat pour la moindre suspicion de tapage nocturne.
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http://www.netoyens.info/index.php/contrib/14/10/2012/la-rotisserie-est-morte-assassinee
Le site de feue La Rôtisserie :
http://larotisserie.org/
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