Transmis par Deukatre le 10 février
Article paru dans La Mauvaise Herbe vol.11 no.2
J’habite Auschwitz-Disneyland. Je m’assure que mes papiers sont en règles, je documente mon existence sur les réseaux sociaux, je fais une demande de prêts et bourses, de subvention. Je porte des vêtements qui expriment qui je suis, j’affiche un logo, un badge, j’adopte un style. Je prends un train, un métro, ma voiture, un Bixi, c’est tellement pratique.
Je prends une douche, je sens bon, selon la pub ce gel moussant me rend irrésistible.
Auschwitz-Disneyland c’est la campagne en ville, la ville en banlieue et la banlieue à la campagne.
Auschwitz-Disneyland c’est la vie-nue en habit du dimanche, l’hégémonie se donnant elle-même la réplique.
À Auschwitz-Disneyland, « les vacances c’est la liberté ».
À Auschwitz-Disneyland, on commande à l’auto, on étudie à distance et on achète en ligne.
À Auschwitz-Disneyland, « l’eau vient du robinet et la nourriture du supermarché », la nourriture trouvée dans la benne à ordure vient aussi du supermarché.
Capitale du Biopouvoir spectaculaire et du Spectacle biopolitique : Auschwitz-Disneyland est le nom de la métropole et celui de l’empire.
Auschwitz-Disneyland n’est pas un synonyme du Spectacle, c’est plutôt, ce qui, du Spectacle, nous empêche de rester à distance.
Auschwitz-Dysneyland n’est pas la guerre civile, mais la négation de la guerre civile à un tel degré qu’elle devient une arme.
Auschwitz-Disneyland ne s’appelle pas Auschwitz-Disneyland, elle s’appelle : Montréal, Burlington, Club Med, UQAM, Athènes, Amiens, Dix-Trente, Bagram, Oakland, Bois-des-Fillions, et j’en passe.
Les habitants d’Auschwitz-Disneyland sont des citoyens.
Au lendemain d’une émeute, les citoyens descendent de leurs condominiums armés de balais.
Habiter Auschwitz-Disneyland est une expérience anesthétique, qui nous prive de la beauté et de toute possibilité d’expérience sensible.
Lire la suite :
http://anarchieverte.ch40s.net/2013/02/auschwitz-disneyland/
Fil Info » O.P.A.